jeudi 15 décembre 2011

SDF ? Etat des lieux... #2


Cher Toi,

C'est amusant ! Au moment où je récupère suffisamment de batterie – au propre comme au figuré - pour t'écrire depuis une bulle chaude, avec vue sur la frénésie passante, un monsieur vient de se coller le nez à la vitre face à moi et de se le cogner !  Evidemment, ça m'a fait sourire et lui, visiblement groggy, s'est senti un peu abruti...

Comme tu le sais déjà, cette semaine était très chargée question bouleversement des planètes ainsi qu'au niveau de mon emploi du temps. Je te fais grâce des détails triviaux concernant le boulot. Par contre, pour ce qui est de ma journée d'aujourd'hui, ça a démarré en trombe ! Il s'en est fallu de peu pour que ça déraille et dégénère dangereusement...

= Acte II, Scène 1 =

J'avais rendez-vous avec Madame M. de L. ce matin, dans une belle mairie d'arrondissement. J'arrivai en avance, finis par trouver la personne "apte" à me renseigner quant au lieu dudit entretien, bureau sans numéro, un peu caché, mais que je finis par dénicher.

Je m'installe, remplis un énième formulaire et attends patiemment mon tour. Jusque-là, tout est absolument normal. Quinze petites minutes plus tard, bien que la salle d'attente se remplissait, point de Madame M. de L. en vue. Et soudain, en à peine quelques secondes, tout manque de basculer dans le sordide...
Un monsieur d'apparence correcte rentre, salue l'assemblée et prend place. Une femme avec un fort accent d'Europe centrale, genre "je me mêle de ce qui ne me regarde pas", explique à ce dernier qu'il lui faut remplir un formulaire. Là, il se retourne, se munit d'un exemplaire puis la regarde calmement et lui répond : "de toute façon, je ne remplirai pas ce foutu papier. Je suis là pour m'énerver très fort !"

Puis, il me regarde, me prend à partie - comme s'il voulait que je plaide sa cause - et nous dit tout de go, à tous : "Puisque je n'ai pas d'autre solution, que je n'ai plus de toit, que je suis à la rue, je vais faire comme dans les faits divers qu'on voit à la télé! Je vais faire une prise d'otages !"

Là, un énorme "gloups !" secoue mes sens...

Une vague de panique saisit les autres occupants de la salle d'attente. La fameuse "je me mêle de ce qui ne me regarde pas", commence à regretter sérieusement de ne pas avoir fermé sa bouche... Et à se tortiller sur sa chaise!

Pour ma part, je me dis "il ne manquait plus que ça à mon palmarès !"

Je prends une respiration calme et profonde. J'attrape le regard de cet homme désemparé et prêt à tout (surtout au pire) puis lui dis : "Ah non ! Surtout pas !! C'est vous qui allez en pâtir et tout subir !!!"

Il me regarde encore, me jauge et, laconique, me rétorque : "Ben au moins, je serai au chaud, en prison. Je mangerai gratis et n’aurai plus de facture à payer !"

Evidemment vu comme ça, quels qu’allaient être mes arguments, ça risquait de tomber à plat… Je ne me suis pas dégonflée et lui ai fait la tirade suivante : "Je suis exactement dans la même situation que vous en ce moment. Même si rien ni paraît… Seulement, si vous commettez un acte irréparable de la sorte, c’est encore vous qui payerez ! Et vous perdrez TOUTE liberté !!! Alors, s’il vous plaît ! N’agissez pas de manière irréversible. Nous avons encore des possibilités puisque nous sommes ici…"
Il m’a regardée, dubitatif. Il s’est rassis et a commencé à réfléchir. Je lui ai souri puis ai poursuivi la lecture de mes messages genre "comme si de rien n’était. Je le fais très bien !"

Interloqué, un peu déboussolé, il a commencé à pianoter sur son téléphone également. Cinq minutes plus tard, il vient vers moi et me demande : "Je peux vous emprunter votre stylo ?" La réponse fut : "Mais bien sûr, Cher Monsieur !"

Fin de l’acte, avant tout drame.

Après, pendant tout mon entretien, j’étais tiraillée par cet épisode.

Que faire ?

Que dire à cette dame qui allait sûrement essuyer quelques foudres ???

Je me suis résignée à ne rien dire car la personnalité de cette femme serait tout-à-fait à même de gérer ce genre de "désagrément". Je n’ai pas "jugé utile" de créer plus de cafouillages et de dommages à cet homme déjà dans un profond désarroi. Ayant réussi à le calmer, à le rasséréner, je n’ai pas voulu m’y mettre, alors qu’il n’était même pas armé… (Détail déduit car au sommet de son énervement, il a mentionné "la prochaine fois, je viendrai avec un flingue!")

Donc fin du coup !
Pfff !

= Acte II, Scène 2 =

Pour clore cette journée de démarches, j’ai dû faire un saut à l’Hôtel de Ville…
Je devais absolument y déposer un pli.
Et bien devine ce que la sécurité a cru bon de faire ?!
Passer ledit pli au scanner et me laisser passer sur le côté, avec tout mon attirail de sac et appareils électroniques, sans rien contrôler de mon côté !
Ds fois que l’enveloppe soit chargée d’anthrax ou autre poudre à perlimpinpin…
Par contre, me concernant "rien qu’à faire" ! Ma personne aurait-elle trop "bonne" apparence ???

Où allons-nous ?
Tout est fait en dépit du bon sens ! Sans sens…
Bien à toi,

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